Rhénanes Éditions Maison d'édition littéraire alsacienne

Historique

Les Éditions Rhénanes ont existé occasionnellement depuis 1976, à l'époque de la saisie à la machine à écrire, puis en 1986 à l'époque de l'Olivetti à boule pour l'édition d'ouvrages qui sont aujourd'hui épuisés.


POÉSIE / DICHTUNG
Anthologie trilingue de la poésie contemporaine en Alsace depuis 1945
1979 – 3000 exemplaires – Epuisé.

Cet ouvrage marque la triple originalité linguistique et la richesse des littératures et cultures alsaciennes. Réalisé à l'occasion de l'action culturelle POÉSIE en ALSACE cette anthologie de poètes réunit ceux qui écrivent en Alsace depuis 1945 en langue française, allemande ou alsacienne, parfois dans les deux ou les trois langues. Une quarantaine d'estampes rappellent la riche tradition de la presse à imprimer et de la gravure d'illustration en pays du Rhin. L'ouvrage présente cent quarante auteurs par un ou plusieurs poèmes suivi d'un index de trois cent indications biographiques et bibliographiques.

Préface : Adrien Finck – Réalisation : Francis Haas, avec le collectif de rédaction, Jean-Paul Klée, Gérard Haller, Gaston Jung, Hélène Natt, Anne-Juliette Mayer, la maquette d'André Rodeghiero et les illustrations d'Estampe du Rhin. Epuisé.


CETTE FUREUR TRANQUILLE de Sylvie Reff, Éditions Rhénanes 1986. Epuisé.

Dernières Nouvelles d'Alsace du 25 mars 1986.
La « fureur tranquille » de Sylvie Reff

Entre le Moyen Age et un temps à venir que l'auteur dépeint comme celui de la plus terrifiante catastrophe – en comparaison, la Deuxième Guerre mondiale était une plaisanterie – Sylvie Reff a dessiné les contours d'une parabole. Où il est question d'amour, de culture assassinée et de revanche éblouissante de la nature.

Les trois récits de Cette fureur tranquille ne font qu'un puisqu'ils passent par une seule bouche, celle d'un cordonnier alsacien, atteint, bien malgré lui, d'une forme de supériorité des dons paranormaux exceptionnels. Ainsi le corps entravé, il sera celui qui dit les choses et organise la réalité en composant trois personnages : un prince maléfique dont l'intelligence s'est fourvoyée dans la conquête insatiable du pouvoir, une femme acharnée à se délivrer de ses chaînes, donc à identifier sa souffrance avant de rejoindre l'harmonie, et un homme simple, paysan, héritier nostalgique de traditions ancestrales trahies au fil du temps, pris dans ses propres filets.

L'histoire se passe juste après le désastre au moment où l'homme ne sait pas encore qu'il va reconstruire, porté « hors de lui » – donc de toute rationalité – par l'unique mystère : l'amour. L'apparition d'un enfant, aux dernières pages du récit, balancé entre la cruauté et l'innocence, opérant une sorte de retour sauvage dans un monde à refaire entièrement, est le signe de piste, d'espoir : « Homme, petit homme, que tu es beau… ».

Il y a dans ce sixième livre de Sylvie Reff, l'esquisse d'un retour à l'état premier et l'aveu d'un formidable attachement à la vie. La phrase est ronde, comme le bourgeon d'un arbre, la terre, le ventre de la mère ou l'infini. Les mots – parfois un peu trop recherchés, comme apprêtés – se balancent, retenus comme on retient son souffle ou crépitent, assénés en rafales, turbulents, impatients.

Chacun pourra tirer à sa guise les leçons de cette fable, voyage en utopie ou nouvel avertissement, instruit d'une sagesse venue de loin, à une humanité insouciante. Mais on retiendra de ce petit livre tranquille une incitation au silence, à la patiente recherche de l'harmonie.

D.B.