
EUROPA 1907
10,00€
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Proin nulla purus, hendrerit venenatis auctor sit amet, commodo id enim. Nunc aliquam felis a felis varius eleifend.
Récit par [Lorem ipsum]
X pages
Format XXxXX
10€ TTC + frais de port
René Schickele n'a que 24 ans quand il écrit EUROPA en 1907, un satyrspiel pour les théâtres indépendants et cabarets de Berlin. Il décrit l'irrésistible ascension d'un petit journaliste de fait divers grâce à sa rencontre avec un magnat américain du fromage mou qui fait de lui son héritier. À sa mort, le petit devient grand puis devient un géant qui peut réaliser son utopie en fondant Europa, un journal international qui doit instaurer un Parlement Mondial. Cette pièce n'a jamais été publiée ni montée sur une scène. L'éditer en version bilingue à l'occasion du 140ème anniversaire de la naissance de son auteur, c'est rendre justice aux ferveurs enthousiastes du jeune Schickele pour un espoir d'Europe démocratique et pacifique qui mettra deux guerres à se réaliser.
René Schickele, le guetteur d'Europe
Dès les années 1900 dans une Alsace annexée par le IIè Reich après la guerre de 1870-71, le jeune René Schickele, avec un groupe d'étudiants met en valeur la médiation européenne de l'Alsace comme trait d'union culturel entre la France et l'Allemagne. Ils s'organisent en groupe artistique et littéraire, Das jüngste Elsaß, dit aussi Der Stürmerkreis, littéralement le Cercle des tempêtueux faisant référence à celui du Sturm und Drang né précédemment en Alsace dans les années 1770 à 1776. Ces jeunes artistes, peintres, écrivains, journalistes et historiens, publient successivement les revues der Stürmer, der Stankerer, der Merker, où les traditions françaises et républicaines conjuguées avec les ressources de la culture allemande devrait être le ferment d'une renaissance culturelle pacifique en Alsace. Ils cherchent à définir une vision culturelle nouvelle contre celle du conservatisme pangermanisme de l'Alsa-Bund et de sa revue Neue Erwinia d'un côté, contre le prosélytisme francophile de la Revue alsacienne illustrée et des Cahiers alsaciens de l'autre mais aussi contre la tendance identitaire et régionaliste du Cercle d'artistes de Saint Léonard qui a suscité la fondation du Musée alsacien et du Théâtre alsacien. La position intellectuelle du Stürmerkreis contre les cliques alsaciennes restera minoritaire et s'arrêtera faute d'argent et d'audience. Schickele publie de la poésie à Strasbourg, Sommernächte 1902, Pan, Sonnenopfer der Jugend 1902 avant de quitter l'Alsace pour Paris.
Il épouse Anna, la soeur de son ami Hans Brandenburg à Bramen. Le couple se fixe à Berlin. Il publie y publie Mon Repos, Leipzig 1905, Der Ritt ins Leben, Stuttgart 1906 et en 1905, son premier roman Der Fremde, L'étranger où il s'oppose radicalement à la doctrine nationaliste exposée dans Les Déracinés de Maurice Barrès. Il se voit confier la rédaction de la revue littéraire Das Neue Magazin par J.Hegner. Il ouvre cette revue allemande aux symbolistes français, à l'art nouveau Jugendstil, aux peintres, aux jeunes écrivains, poètes et hommes de théâtre durant 26 numéros. C'est un espoir qui se réalise enfin si ce n'était la faillite de l'éditeur. Schickele fait connaitre Balzac et Flaubert par ses traductions en langue allemande, tout en étant critique de théâtre à Berlin, correspondant de presse à Venise et à Vienne où il voyage pour le journal Nord und Süd et à Paris pour le Strassburger Neue Zeitung.
C'est à cette époque qu'il écrit à Berlin sa première pièce : Europa. Il y expose par le grotesque du satyrspiel, une prémonition visionnaire de l'Europe telle que nous la connaissons aujourd'hui suite aux deux guerres mondiales dont elle est née. Cette Europe décrite en 1907 par un jeune Schickele de 24 ans est une Europe à l'américaine celle du pouvoir de l'argent, des trusts et de l'industrie des médias, du monopole des plus riches dominant le monder dans leurs tours panoptiques, celui de la main invisible d'un pouvoir invisible, celui du despotisme sans visage. L'issue du drame est dans la main qui donne la mort au propriétaire de l'empire Europa, celle d'un coup de révolter tiré par la très belle femme fatale que l'homme de pouvoir tentera en vain de posséder. Europa de René Schickele n'a jamais été publiée, ni montée sur scène. Elle est restée un manuscrit oublié dans les cartons de l'auteur et des bibliothèques. Faire connaître ce texte de théâtre visionnaire pour son époque c'est rendre justice aux ferveurs enthousiastes du jeune Schickele pour un espoir d'Europe pacifique et démocratique dont il espérait que l'Alsace soit le trait d'union entre la France et l'Allemagne.