Rhénanes Éditions Maison d'édition littéraire alsacienne

L'Émergence culturelle de l'Alsace

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La toute nouvelle Collectivité Européenne d’Alsace (CEA) est née au nouvel an 2021 de la fusion des deux Départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin en réaction à la disparition de la Région Alsace, noyée dans la Région Grand Est. Cette fusion départementale saura-t-elle impulser un renouveau culturel qui redonnerait du sens à l’exception culturelle de l’Alsace ?

Essai par Franz de Haas
Peinture de Gustave Doré 1882

Collection Flugschriften
150 pages
Format 15×21
14€ TIC + frais de port

À paraître au printemps 2023

Les cultures populaires en Alsace sont encore riches de traditions aux énormes capacités de renouvellement au service du développement territorial. Une décentralisation culturelle placée sous les lustres de l'excellence d'une culture d'Etat est en échec d'audience transférée à la charge des administrations territoriales. Et voilà qu'entre ces cultures populaires et cette culture administrée surgit la culture numérique. Que faire du BIB, du Bonheur Intérieur Brut d'un territoire, à l'ère des algorithmes, de l'intelligence artificielle, des réseaux sociaux, de la réalité augmentée, de la blokchain, du métavers ? Comment entrer dans ce nouvel univers de la création au service des cultures territoriales ? Telle est la question que pose cet essai : la plus petite province administrative de France métropolitaine a-t-elle les pouvoirs de rebattre les cartes par une redistribution des moyens publics, d'imaginer sa propre émergence culturelle pour marquer son identité ? Une question qui se pose à l'avenir de la Collectivité Européenne d'Alsace.


L'Émergence culturelle de l'Alsace

La question culturelle reste un enjeu local en Alsace. Le tissu associatif s'offre gratuitement aux patronages des élus et font les menus culturels des touristes. Cette subsistance d'une culture populaire, bénévole, autochtone, très résiliente, a été forgée par l'histoire.

Les guerres entre l'Allemagne et la France ont imposé aux alsaciens six changements de nationalités marqués en temps de paix par des politiques revanchardes d'assimilation. Entre Kulturkampf et Intendance de France, entre la truite et le hareng, l'Alsace a préservé sa propre recette, la matelote au riesling.

De tous temps la tradition alsacienne a su résister à l'intégration culturelle. Après l'annexion au IIIè Reich nazi, l'Alsace a fait l'objet de toute l'attention de la culture française. Depuis 1945, cette sollicitude s'est traduite par une suite de conventions, d'équipements, de chartes culturelles, des offices, de mesures préfectorales de l'appareil d'Etat qui ont servi à définir un modèle pour tout l'hexagone : la décentralisation culturelle. Elle s'est traduite par le transfert progressif, d'abord de compétences puis des charges financières aux villes et aux collectivités locales.

Cette déconcentration a permis une culture d'excellence au sommet et un nivellement des cultures territoriales par le bas qui s'est concrétisée par une diffusion culturelle marchande incapable de s'ouvrir au plus grand nombre. Le bilan est implacable. Seul plus ou moins 1% de la population ont un accès favorable à la culture ce qui signe l'échec d'une ambition depuis 1936 : celui d'une démocratisation d'une culture pour tous. La décentralisation a transféré au niveau territorial les charges et la responsabilité de cet échec. Par mimétisme étatique, les cultures territoriales ont été compartimentées par des administrations de la culture aux différents niveaux du mille feuille qui quadrille chaque territoire.

Ainsi les cultures traditionnelles portées par le bénévolat du tissu associatif local s'est trouvé mis en situation de concurrence déloyale face aux agents culturels d'une fonction publique qui administrent, gèrent et contrôlent les équipements, les moyens financiers, les programmations, sur délégation de pouvoir des élus avec un faible retour sur investissement en audience. L'impôt de tous subventionne une minorité de publics de concernés et d'abonnés.

La classe politique des petits et grands élus territoriaux portent toute la responsabilité de cet enkystement culturel. Ils traitent encore la question culturelle dans des commissions fourre-tout mélangeant l'aide aux associations, à l'animation, les sports et au tourisme. Ils n'ont rien entrepris d'ambitieux sur les échanges culturels entre les cultures françaises et allemandes ni sur le trilinguisme. La question culturelle reste pour eux une question mineure comme l'est leur propre culture personnelle.

Or, cette méprise conservatrice est démentie par tous les indicateurs économiques et sociaux. En 2020, le poids économique direct de la culture, représente 57.8 milliards d’euros, 3,2 % du produit intérieur brut (PIB) de la France, soit sept fois plus que celui de l'industrie automobile. La plupart des branches culturelles sont des industries de plus en plus portées par la révolution numérique. Son moteur est l'invention et la créativité qui appartiennent aux artistes, aux créateurs, aux imaginatifs de valeurs nouvelles, en produisant un soft-power générant la valeur ajoutée du BIB, le Bonheur Intérieur Brut qui est la raison d'être et la définition de la Culture. Cette imagination est désormais portée par l'ordinateur au service de chacun que ce soit au niveau local du village qu'au niveau de la terre entière. Comment mettre cette révolution au service de l'Alsace ? Celle de l'imprimerie l'a bien fait avec la Renaissance.