Rhénanes Éditions Maison d'édition littéraire alsacienne

WALDMAN, le cauchemar silencieux des forêts

18,00

Waldman est un être furtif des forêts. Il arpente les bois à la rencontre des vivants. Il peut venir habiter à tout moment en chacun d’entre-nous comme une mauvaise conscience.

Récit par Franz de Haas

200 pages
Format 15×21
14€ TIC + frais de port

Waldman raconte le cauchemar d'un enfant qui assiste au tir d'un cerf à l'instant du brame. Il en restera meurtri toute sa vie. Il part en quête d'une issue salvatrice auprès de huit essences d'arbres : la luminescence de l'épicéa, la spiritualité du frêne, la puissance du chêne, l'altérité de l'orme, la bénédiction du hêtre, la quiétude du bouleau, l'intemporalité de l'if, le tremble aux intenses vibrations. Chaque essence lui offre ses dons. En les observant il découvre que tous ces arbres vont mal. Ils sont malades de l'humain. Sur chacun d'eux, il pose des cerceaux de saule tendus d'un filet de plumes d'oiseaux disparus, des pièges pour capturer les mauvais génies. Les forêts en sont pleines. Serez-vous encore si romantique en vous promenant dans les bois ?


L'Émergence culturelle de l'Alsace

Être l'épicéa

Depuis l'aïeul, sa famille a cru au rendement des plantations d'épicéas jusqu’au jour où l'épidémie de bostryche l'a obligé à les raser. Subsiste le mirador d'où son père et son oncle le conduisent pour sa puberté voir le cerf en brame. Ils le tirent, le dépècent, le découpent, initient l'enfant à la boucherie des chasseurs à l'occasion de sa première communion. Pour enfouir ce souvenir, il s'invente le totem du mégalocéros, célèbre la fête des épicéas en allumant ses lampions en forêt dans la nuit noire de l’hiver.

Être le frêne

Il passe sa jeunesse dans les cliniques pour tenter d'effacer son malaise. Adolescent, il cherche à devenir un homme-cerf, bois sur la tête, traqué par les autres lors d'une battue qui devient un rituel populaire de village. Le jeu théâtral primitif passe à l'acte. Il subit son propre lynchage, prenant les coups alors que la fête dégénère en spectacle pour le tourisme. Il apprend à se réfugier à la source aux trois frênes pour une cure solitaire où il invente sa survie.

Être l’orme

Le vieil orme de la table de sa cuisine a abrité dans la forêt tout un village disparu. Témoin pendant quatre siècles des labeurs d'un peuple de charbonniers, verriers, sabotiers, cordiers et charroyeurs de bois sous les mitrailles des guerres. L'orme héberge de petits animaux copulateurs, a été vénéré comme arbre aux ex-votos affublé d'une statuette de saint, a abrité un homme sauvage, l'atelier d'un aiguiseur de haches. Ses élèves ont fouillé ce dépotoir humain, un patrimoine qui a donné naissance aux collections du musée de pays.

Être le chêne

Il s'assoit souvent au pied du chêne ancestral dont il voit la renaissance éternelle dans un petit gland que tout un monde convoite pour se nourrir. Tout un peuple d'animaux s'en goinfre. Il voit dans ce gland émerger les premiers arbres dans la mangrove tropicale qui était son pays avant que les mers se retirent de ses vallées. Il voit les ennemis du chêne brandir la hache de la destruction, des grands noms qu'il enseigne à l'école dans les livres d'histoire.

Être le hêtre

Les hêtres sont la cathédrale de la lumière des forêts traversée par des colonies de touristes en quête de spiritualités. Les pieds de ces hautes colonnes du temps long sont minés par de microscopiques champignons. Elles deviendront des souches sauvées pour l'exploitation du bois. La machine numérique décime leurs vies centenaires, les rase et les entasse en grumes dans des containers pour la chine. De même, il voit le sport de luxe des viandards exécuter les sangliers qu'ils ont agrainés pour les abattre en nombre.

Être le bouleau

Il a remonté le temps vers l'aire glaciaire des toundras. Il tête les sèves des bouleaux dans les tourbières pour y méditer devant l'œuvre flottante et énigmatique d'un artiste de land- art. Elle brille la nuit d'un feu-follet sur l'étang. Ce qu'il a vécu enfant est devenu un écomusée de la tourbe ravagée par la jeune génération des sauveteurs de l'environnement. La sève rouge des aulnes a coulé sous l'épareuse du tourisme de loisirs.

Être l’if

Il a fait l'expérience de la taxine de l'if pour se sauver de son malaise d'enfance. Il atteint la quiétude le soir du solstice d'hiver alors que tous les siens fêtent noël. Il voit dans la nuit des forêts, le cortège de la chasse sauvage de Théogonia, la gigantesque démence qui annonce Lothar, la tempête du siècle. L'arbre qui le sauve tombe à ses pieds. Il est emporté par le déluge qui enneige tout jusqu'au village.

Être le tremble

Il survit du bruissement des feuilles des peupliers qui jasent de bonheur alors qu'il se retrouve à l'hôpital sous le masque à oxygène. Monsieur Waldman restez parmi nous. Il réunit ses dernières forces pour se sauver encore, gagner le rêve profond des forêts, faire retour avec son bâton sur les chemins de sa vie, rejoindre ses abeilles qui feront de son corps une ruche, momie de miel perdue parmi le cercle des arbres qu'il a planté.